Vous êtes responsable maintenance dans une usine et on vous demande votre avis sur le choix d’un nouvel outil de gestion. Vous avez entendu parler des logiciels de GMAO, bien sûr – c’est un peu la référence dans votre secteur. Mais voilà, depuis quelques mois, vous entendez aussi parler de plateformes no-code qui promettent flexibilité et personnalisation. Alors, concrètement, quelle est la différence ?
Cette question mérite qu’on s’y attarde sérieusement, parce qu’il ne s’agit pas simplement de choisir entre deux outils : il s’agit de choisir entre deux philosophies radicalement différentes pour gérer votre maintenance. Et cette décision aura des conséquences directes sur votre quotidien, celui de vos équipes, et sur la performance globale de vos installations.
Une différence de philosophie fondamentale
La GMAO : un logiciel conçu pour la maintenance
Un logiciel de GMAO (Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur) est un outil métier spécialisé. Il a été développé par des équipes qui ont identifié les besoins standards de la maintenance industrielle : gestion du parc d’équipements, planification des interventions préventives, suivi des pièces détachées, traçabilité des interventions, calcul des indicateurs de performance comme le MTBF ou le MTTR.
C’est un peu comme acheter une voiture toute équipée chez un concessionnaire : elle roule bien, tous les équipements de base sont là, mais vous ne pouvez pas vraiment modifier grand-chose à sa conception. Le constructeur a pris les décisions pour vous en se basant sur les besoins moyens de ses clients.
Le no-code : une plateforme pour créer vos propres solutions
Le no-code, à l’inverse, n’est pas un logiciel dédié à la maintenance. C’est une plateforme de développement qui vous permet de construire vous-même les applications dont vous avez besoin, sans écrire une ligne de code. C’est une boîte à outils digitale complète avec laquelle vous pouvez concevoir des applications sur mesure.
Pour reprendre l’analogie automobile, c’est comme si vous aviez accès à un atelier complet avec tous les composants possibles pour assembler exactement le véhicule dont vous avez besoin : celui qui correspond précisément à votre terrain, à votre usage, à vos contraintes spécifiques. Le plus surprenant, c’est que vous n’avez pas besoin d’être technique pour concevoir votre véhicule.
La rigidité contre la flexibilité
Les limites structurelles d’une GMAO classique
La contrainte fondamentale des GMAO traditionnelles, c’est qu’elles sont conçues selon un modèle de données prédéfini. Les développeurs ont imaginé ce dont la majorité des entreprises ont besoin et ont figé cette structure dans le logiciel.
Imaginons que vous ayez besoin de suivre une information particulière qui n’est pas prévue dans le logiciel – par exemple un protocole de contrôle qualité propre à votre secteur ou encore l’intégration d’un plan de prévention à vos interventions. Avec une GMAO classique, vous avez généralement trois options, toutes frustrantes :
- Utiliser un champ « commentaire » générique où vous noterez tout en texte libre, rendant impossible toute exploitation statistique de ces données
- Payer des milliers d’euros pour une personnalisation réalisée par l’éditeur, avec des délais de plusieurs mois et souvent des frais de maintenance supplémentaires
- Renoncer à suivre cette information dans votre système et maintenir des fichiers Excel parallèles – exactement ce que vous vouliez éviter en investissant dans une GMAO
Nous avons vu trop de responsables maintenance se retrouver prisonniers de leur GMAO, obligés d’adapter leurs processus métier aux contraintes du logiciel plutôt que l’inverse. C’est comme si l’outil dictait votre façon de travailler au lieu de s’adapter à vos besoins réels.
L’approche modulaire du no-code
Avec une plateforme no-code comme TeePee, la logique est inversée : vous partez de vos processus réels et vous construisez l’outil qui s’y adapte parfaitement. Besoin d’un champ supplémentaire ? Vous le créez en quelques clics. Besoin de modifier un processus ? Vous le faites vous-même, immédiatement, sans attendre l’éditeur.
Cette flexibilité change tout dans votre quotidien. Par exemple, si vous devez intégrer une nouvelle réglementation environnementale qui impose de tracer des informations spécifiques lors de vos interventions, vous pouvez modifier vos formulaires le jour même. Avec une GMAO classique, vous devez ouvrir un ticket auprès du support, expliquer votre besoin, attendre un devis, négocier, puis patienter plusieurs semaines pour la mise à jour.
Au-delà de la maintenance : la vision d’ensemble
Les silos d’information des solutions métier
Un autre écueil majeur des GMAO traditionnelles est qu’elles fonctionnent souvent en silo. Elles sont excellentes pour gérer la maintenance, certes, mais que se passe-t-il quand vous avez besoin de croiser ces données avec d’autres informations de l’entreprise ?
Votre service qualité utilise un autre logiciel pour suivre les non-conformités. La production a son propre système pour le suivi de performance. Les achats gèrent les commandes dans l’ERP. Le service HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) a ses propres outils de reporting. Résultat : vous avez des données de maintenance isolées, difficiles à corréler avec le reste de l’activité de l’entreprise.
Or, vous le savez mieux que personne : la maintenance ne vit pas en vase clos. Un arrêt machine impacte directement la production. Un problème récurrent peut révéler un défaut qualité. Un incident de maintenance peut avoir des implications HSE. Pour piloter efficacement, vous avez besoin d’une vision transversale de vos données.
La centralisation permise par le no-code
Avec une plateforme no-code, vous pouvez construire un écosystème d’applications interconnectées qui partagent les mêmes données. Votre application de gestion des interventions peut alimenter directement votre tableau de bord production. Vos rapports d’anomalies peuvent déclencher automatiquement des actions qualité. Vos données de maintenance peuvent enrichir vos analyses de coûts dans le contrôle de gestion.
Le configurateur TeePee, par exemple, vous permet de digitaliser tous vos formulaires – qu’ils concernent la maintenance, la qualité, la sécurité ou la production – et de les faire communiquer entre eux. Le paramétrage des workflows automatise les processus qui traversent plusieurs services. Le planning vous permet de planifier des tâches sur vos ressources. Le kanban vous permet de suivre l’évolution de vos données et le dashboard vous offre une vue consolidée de toutes ces informations, quels que soient les processus dont elles proviennent.
Cette approche répond à un besoin fondamental : celui de transformer la donnée en information actionnable en cassant les silos organisationnels.
La question de l’autonomie et de la réactivité
La dépendance à l’éditeur
Avec une GMAO classique, vous êtes dépendant de l’éditeur pour toute évolution du logiciel. C’est lui qui décide du calendrier des mises à jour, des nouvelles fonctionnalités développées, des bugs corrigés en priorité. Vous n’êtes qu’un client parmi d’autres.
Cette dépendance a un coût caché considérable : le coût de l’immobilisme. Combien de fois avez-vous renoncé à optimiser un processus parce que cela nécessitait de faire évoluer votre GMAO et que c’était trop compliqué ou trop cher ? Combien de fois avez-vous conservé une manière de faire inefficace simplement parce qu’elle correspondait aux contraintes de votre logiciel ?
Nous avons eu l’occasion d’échanger récemment avec un responsable maintenance dans l’industrie agroalimentaire qui nous a confié avoir attendu 18 mois pour obtenir une simple fonctionnalité de scan de QR code sur mobile pour identifier ses équipements. 18 mois pendant lesquels ses techniciens continuaient à noter les informations manuellement, avec tous les risques d’erreurs que cela comporte. Une éternité dans un environnement industriel où la réactivité est essentielle.
L’agilité du no-code
Le no-code vous rend cette autonomie. Vous n’avez plus besoin d’attendre qu’un éditeur priorise votre demande. Vous pouvez tester rapidement de nouvelles approches, itérer, améliorer continuellement vos processus.
Cette agilité est particulièrement précieuse dans un contexte industriel en constante évolution. Nouvelle machine à intégrer avec des paramètres de suivi spécifiques ? Nouveau protocole de maintenance prédictive basé sur l’IoT ? Réorganisation de vos équipes ? Avec une plateforme no-code, vous adaptez vos outils en quelques heures ou jours, pas en mois.
Vous devenez maître de votre transformation digitale, capable de faire évoluer vos outils au rythme de vos besoins métier, sans compromis.
Qui fait quoi ? La question des compétences
La GMAO pour qui ?
Une GMAO classique convient parfaitement si vos processus de maintenance sont standardisés, si vous n’avez pas besoin de personnalisation poussée, et si vous préférez un outil clé en main que vous n’aurez pas à configurer vous-même.
C’est également un bon choix si vous n’avez pas les ressources internes pour imaginer et configurer vos propres outils – même si, avec les plateformes no-code modernes, cette configuration est devenue beaucoup plus accessible qu’avant et que les éditeurs proposent souvent un accompagnement efficace et adapté.
Le no-code pour qui ?
Le no-code s’adresse aux organisations qui veulent garder le contrôle sur leurs outils, qui ont la volonté de faire évoluer leurs outils au même rythme que leurs entreprises, qui ont des processus spécifiques difficiles à normaliser, ou qui cherchent à connecter la maintenance avec d’autres aspects de leur activité.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, utiliser une plateforme no-code ne nécessite pas de compétences techniques poussées. Vous n’avez pas besoin de savoir coder. Par contre, vous devez avoir une connaissance fine de vos processus métier et être capable de les modéliser – ce qui, en tant que responsable maintenance, fait justement partie de votre expertise.
Certaines plateformes comme TeePee proposent même des packages comme la GMAO afin de gagner du temps ou un accompagnement par des experts « no-code makers » qui vous aident à concevoir et déployer vos applications. Vous apportez la connaissance métier, ils apportent l’expertise technique sur la plateforme. Le meilleur des deux mondes.
Le coût réel : au-delà du prix d’achat
Les coûts cachés de la GMAO
Quand on compare les coûts, on a tendance à regarder uniquement le prix de la licence. Mais le coût réel d’une GMAO dépasse largement ce chiffre initial :
- Les coûts de personnalisation (souvent plusieurs milliers d’euros par modification)
- Les coûts de formation (plus complexe à maîtriser car vous devez comprendre la logique de l’éditeur)
- Les coûts d’intégration avec vos autres systèmes
- Les coûts d’opportunité (tous les gains de productivité que vous ne réalisez pas parce que l’outil ne s’adapte pas parfaitement à vos besoins)
- Les coûts liés aux outils complémentaires que vous maintenez en parallèle (fichiers Excel, applications maison…) parce que la GMAO ne couvre pas 100% de vos besoins
L’investissement no-code
Avec le no-code, l’investissement est différent. Vous investissez du temps (le vôtre ou celui de vos équipes) pour configurer vos applications. Mais cet investissement est :
- Progressif : vous commencez petit et vous développez au fur et à mesure
- Réutilisable : une fois que vous maîtrisez la plateforme, vous pouvez l’utiliser pour digitaliser d’autres processus au-delà de la maintenance
- Pérenne : vous capitalisez sur votre propre expertise plutôt que sur celle d’un éditeur externe
Et surtout, vous évitez les coûts de personnalisation puisque vous êtes autonome pour faire évoluer vos outils.
GMAO et no-code : une opposition ou une complémentarité ?
Voici peut-être l’élément le plus important à comprendre : il ne s’agit pas forcément de choisir entre GMAO et no-code, mais de comprendre comment ces approches peuvent éventuellement se compléter.
Certaines entreprises utilisent une GMAO pour les fonctionnalités de base de la maintenance (gestion du parc, interventions, historique) et complètent avec du no-code pour tous les processus périphériques ou spécifiques : formulaires de contrôle personnalisés, tableaux de bord adaptés, intégration avec d’autres systèmes via les API, automatisation de workflows transverses.
D’autres choisissent de construire entièrement leur solution de gestion de maintenance avec du no-code, parce qu’elles ont des besoins très spécifiques ou parce qu’elles veulent une intégration native avec le reste de leur écosystème digital.
L’essentiel est de partir de vos besoins réels plutôt que de vous adapter aux contraintes d’un outil.
En conclusion : la question du contrôle
Au fond, la vraie différence entre une GMAO classique et une plateforme no-code, c’est une question de contrôle.
Avec une GMAO, vous achetez une solution préconçue qui fonctionne bien pour ce qu’elle a été conçue, mais vous renoncez au contrôle sur son évolution et son adaptation à vos besoins spécifiques.
Avec le no-code, vous gardez le contrôle total sur vos outils, au prix d’un investissement en temps et en réflexion pour les concevoir et les faire évoluer.
Ni l’une ni l’autre de ces approches n’est fondamentalement meilleure. Tout dépend de votre contexte, de vos ressources, de votre degré de spécificité métier, et de votre vision stratégique.
Mais une chose est sûre : dans un environnement industriel où l’agilité et la capacité d’adaptation sont devenues des avantages compétitifs majeurs, la question mérite d’être posée sérieusement.
Voulez-vous un outil qui vous impose sa logique, ou un outil qui se plie à la vôtre ?
Et vous, quels sont les processus de maintenance dans votre entreprise qui mériteraient d’être repensés avec une approche plus flexible ? Quelles sont les limites que vous rencontrez actuellement avec vos outils de gestion ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire – vos retours enrichiront certainement la réflexion de nombreux collègues confrontés aux mêmes défis.